Histoires


Funmilayo Kuti Ransome

Funmilayo Kuti Ransome

Funmilayo Ransome Kuti (1900 – 1978) est une activiste et militante des droits des femmes nigériane. Elle s’est engagée sur différents fronts : l’indépendance du Nigeria, le droit de vote ou encore l’émancipation économique des femmes.

Elle fonde à Abeokuta, au Nigéria une association pour les femmes leur permettant l’apprentissage d’un métier artisanal, elle donne des cours du soir et des ateliers pour les aider à se défendre face aux autorités coloniales. Au sein de l’association, elle milite contre les impôts sur les femmes commerçantes (qui sera aboli) , contre les réquisitions et la corruption, pour le droit de vote et la représentation politique des femmes. Le mouvement organise rassemblements, boycotts, sit-ins et manifestations.

Funmilayo K. Ransome se dresse contre l’autorité coloniale mais aussi contre le pouvoir traditionnel à genou devant le gouvernement britannique. A la tête d’un cortège de femmes, manifestant contre le contrôle des prix, les taxes abusives et la corruption, elle demande la destitution du roi en place, celui-ci s’enfuit et renonce à sa couronne.

Funmilayo Ransome Kuti se bat aussi pour l’indépendance de son pays qui le deviendra en 1960.

Son fils Fela Kuti, certainement fort inspiré par l’engagement de ses parents, se mobilise lui aussi contre la corruption et la dictature dans son pays. Musicien, chanteur, chef d’orchestre, inventeur de l’Afrobeat, il sort en 1976 un album antimilitariste ZOMBIE qui marque l’histoire de la musique moderne contemporaine.

En février 78, vivant chez son fils Fela, la famille est victime d’un assaut militaire. FKL est défenestrée et meurt des suites de ses blessures en avril de la même année.

Funmilayo Ransome Kuti surnommée « la Mère des droits des femmes » a oeuvré pour la communauté des femmes , pour leur émancipation et indépendance mais aussi pour l’unité des peuples africains sur le continent.

Continuer la lecture →

Maryse Condé

Maryse Condé

Professeure, journaliste et écrivaine originaire de la Guadeloupe, Maryse Condé voyage et s’établit dans plusieurs pays d’Afrique (Guinée, Côte d’Ivoire, Ghana…) où elle enseigne le français. Ce n’est que quelques années plus tard qu’elle prend la plume et écrira son premier roman, Heremakhonon, publié en 1976.
L’écriture de Maryse Condé est sans fard… «Ségou», «Moi, Tituba sorcière… Noire de Salem», «Haïti chérie», «Vie scélérate», «En attendant la montée des eaux» et de nombreux autres ouvrages parlent des identités, des relations humaines et internationales, du colonialisme et postcolonialsme, des formes de violence, de la prédation capitaliste…
Elle reçoit recemment à Stockholm (décembre 2018) le prix de la Nouvelle Académie de littérature.

Continuer la lecture →

Miriam Makeba

Miriam Makeba

Certainement, la voix féminine et panafricaniste, la plus connue du monde, Miriam Makeba est aussi une inlassable combattante anti-apartheid, partie jeune d’Afrique du Sud pour commencer sa carrière musicale, elle sera interdite de séjour dans son pays pendant 30 ans. Elle chante en Zulu, Swahili, Sotho… valorisant sans relâche les cultures africaines.  Ses mélodies chantent la tolérance, la paix et le devoir de mémoire.

Née en 1932 dans la capitale sud-africaine, M.M. commence sa jeune vie en prison : elle n’a que quelques jours lorsque sa mère est inculpée durant six mois pour avoir fabriqué de la bière afin de subvenir aux besoins de sa famille. Son père meurt lorsqu’elle a cinq ans. En 1947, les nationalistes afrikaners gagnent les élections et plongent le peuple noir dans l’arbitraire et la violence. L’apartheid commence. À 20 ans, Miriam Makeba exerce différents petits boulots et vit seule avec sa petite fille Bongi et sa mère. Elle commence à chanter et devient choriste d’un groupe. Très vite, elle atteint une certaine notoriété et se sert de sa voix pour dénoncer  l’apartheid. En 1956, elle écrit la chanson Pata, Pata, avec laquelle elle fait le tour du monde.  En 1959, elle est contrainte à un exil qui durera 31 ans, en raison de son apparition dans un film anti-apartheid.

Lorsque sa mère meure en 1960, elle ne peut assister à ses obsèques, à cause de son interdiction de séjour dans son propre pays. Elle ne cessera de prononcer des discours anti-apartheid et d’appeler au boycott de l’Afrique du Sud devant les Nations Unies. Elle chante en zoulou, en zhoxa, en tswana. Ses mélodies chantent la tolérance et la paix. Elle est devenue le symbole de la lutte anti-apartheid.  Elle reçoit différents prix et une reconnaissance internationale. Son mariage en 1969 avec le militant des droits civils afro-américain Stokely Carmichael, chef des Black Panthers, lui vaut l’exil à nouveau et s’installe alors en Guinée.

En 1990, Nelson Mandela la persuade de rentrer en Afrique du Sud. Miriam Makeba a toujours rêvé d’une grande Afrique unie et disait :   » Il faut nous laisser grandir. Les Noirs et les Blancs doivent apprendre à se connaître, à vivre ensemble.  » Elle avait annoncé en 2005 qu’elle mettait fin à sa carrière, sans cesser de défendre les causes auxquelles elle croyait. Elle est décédée le lundi 10 novembre 2008, à l’âge de 76 ans, à Naples des suites d’un malaise lors d’une manifestation musicale pour soutenir les victimes de la mafia.

Continuer la lecture →

Daniela, Albertina et toutes les autres

Daniela, Albertina et toutes les autres

Je pleure mes soeurs à travers le monde qui ont perdu la vie à cause de la violence d’état et la violence machiste. Je dessine pour les accompagner dans leur voyage, qu’elles retrouvent paix et amour infini.

Daniela Carrasco 36 ns a été torturée, violée et violemment abattue par la police. Après avoir été arrêtée au Chili par des militaires, elle a été retrouvée pendue à une clôture le 20 octobre 2019 à Santiago.
L’assassinat de Daniela Carrasco retentit comme un avertissement à toutes les femmes et hommes qui protestent actuellement au Chili. Cette jeune femme était une artiste de rue et une clown activiste. Elle utilisait l’humour et le mime comme une arme contre l’asservissement de la pensée et l’obéissance aveugle. Elle apportait de l’amour dans les coeurs et protestait contre les dérèglements dans son pays et dans ce monde.

Albertina Martinez Burgos, 38 ans a été retrouvée morte dans son appartement à Santiago, la nuit du jeudi 21 novembre 2019, son corps était couvert de multiples traces de coups et de couteaux. Son ordinateur et son appareil photo ont mystérieusement disparus suite à effroyable assaut. Albertina était photographe et couvrait, ces dernières semaines, les manifestations qui secouaient le pays, témoignant également de la violence des forces de l’ordre au Chili.

Un grand vent de contestation et colère souffle sur le pays causé par les inégalités économiques qui se creusent, la hausse du coût de la vie et l’accroissement de l’extrême violence policière qui viole, torture, mutile et porte des coups sur les femmes et les hommes du pays.

Je dessine pour ne pas oublier.

 

Continuer la lecture →

Peinture intuitive

Peinture intuitive

Je dessine et peins des formes et/ou des visages, je représente des figures symboliques et universelles… je laisse le pinceau et la palette s’exprimer. Je construis ma toile de façon spontanée et presque inconsciente, je me plaît à écouter les vibrations de l’instant, comme un moment de recueil et de méditation.

 

Je propose des ateliers pour les petits et les grands. N’hésitez pas à me contacter pour plus d’informations.

Continuer la lecture →

SEMBRADORAS

SEMBRADORAS

Expo collective au Centre Européen des Femmes Mariana Pineda à Grenade, Espagne

7 mars 2018

 

Je vous invite à visionner la vidéo ci-dessous

 

Proyecto de ilustración digital presentado en la III Noche de la Mujer Creadora (2018).

 

Acto organizado por Noche de la Mujer Creadora y Asociación ADV y celebrado en el Centro Europeo de las Mujeres Mariana Pineda, Granada (España),

el 7 de marzo de 2018

 

 

 

 

 

 

 

 

Continuer la lecture →

POU LA GWYANN DEKOLE

POU LA GWYANN DEKOLE

Guyane / Mars / 1 an après

Voici le portrait d’un homme qui a marqué le mouvement social de mars 2017 en Guyane. C’est l’occasion de rappeler en quelques lignes les faits, mais surtout, de ne pas oublier que le combat continue.

Après 11 ans de service dans la police, Mikaël Mancée, démissione pour s’engager auprès des jeunes en difficultés par le biais du collectif « Pou la Gwyann Dékolé ». En mars 2017, un mouvement social de grande ampleur secoue la Guyane, de son côté Mikaël Mancée demande une implication de l’état français pour mettre fin aux injustices et à une situation difficile en Guyane, il dénonce notamment l’insécurité et le chômage.
Le collectif « Pou la Gwyann Dékolé » qui pilote le mouvement décide de bloquer le territoire afin que les revendications soient entendues.
L’état français qui a toujours été sourd décide enfin de s’engager en promettant le déblocage d’1 milliards d’euros pour la sécurité, la justice, la santé, l’éducation, l’environnement, collectivités territoriales. Mais les promesses restèrent ce qu’elles étaient… de simples mots à la merci du vent et les accords signés avec l’ancien gouvernement à l’issue des négociations en avril 2017 ne voient toujours pas le jour sous le gouvernement Macron.
Mikaël Mancée qui a quitté le collectif poursuit son combat… pour lui et pour l’ensemble des guyanais/ses … La lutte continue.

Continuer la lecture →

Patrice Lumumba

Patrice Lumumba

Premier ministre de la République Démocratique du Congo indépendant de juin à septembre 1960.
Les quelques lignes qui suivent sont extraites de son discours prononcé le 30 juin 1960 durant la cérémonie d’indépendance de la RDC, en réponse à la méprisante allocution introductive de Baudouin Ier, roi des Belges : «Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Qui oubliera qu’à un Noir on disait « tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls Blancs ?» … «Nous avons connu que nos terres furent spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort.» … «Nous allons faire régner, non pas la paix des fusils et des baïonnettes, mais la paix des cœurs et des bonnes volontés. »…

Patrice Lumumba est une des plus grandes figures anti-colonialiste et anti-impérialiste du monde contemporain. Son combat et celui de nombreux de ses proches pour la souveraineté du peuple congolais va permettre au pays d’accéder à l’indépendance.

La Belgique, elle, imaginait un autre dessein… celui d’une indépendance sous contrôle, où elle continuerait d’exercer son pouvoir sur le pays en pillant ses ressources souterraines (uranium, cobalt, manganèse, cuivre, coltan…) et d’exploiter le peuple et de nier les droits des congolais et congolaises. Aux lendemains de l’indépendance le ton change, Patrice Lumumba renvoie la police coloniale et s’oppose à la sécession du Katanga (riche et vaste région minière du Congo). Celle-ci est orchestrée par la Belgique et quelques gros pions au pouvoir et au service de l’ancien régime colonial comme Kasa-Vubu (alors président du pays). Certes, ces décisions ne plaisent guère au pouvoir belge ni même aux américains qui perdent leur mainmise sur le territoire et ne supportent pas qu’un esprit libre, fort et africain les défient.
Patrice Lumumba est assassiné le 17 janvier 1961, avec la bénédiction de Bruxelles et Washington.

Il a semé chez nombre d’entre nous, les graines du combat pour la Justice et pour l’Unité.

Continuer la lecture →

Sorcières

Sorcières

Pour la plupart nous avons toutes et tous appris que de nombreuses femmes furent envoyées au bûcher durant la grande inquisition. Mais il est utile de remonter le temps et d’exposer plus largement ce que représentait l’idée de sorcellerie ou sorcière.

Pour cela il est important de comprendre le contexte social de l’époque qui verra naître en quelques decennies, des milliers de sorcières.
Le féodalisme, va instaurer une nouvelle forme d’esclavage que l’on nommera le servage.De nombreuses rébellions d’esclaves dans l’Antiquité vont naître et vont fortement ébranler le système esclavagiste romain, c’est pourquoi les riches propriétaires/seigneurs/patriciens craignant de voir leur pouvoir décroître vont instaurer un nouveau rapport de classes et un nouveau système visant à asservir des paysans libres et ruinés… L’ensemble de la population voit dans une certaine mesure sa condition de vie «s’adoucir» (abolition de l’ergastolo, fin du travail enchainé, diminution des châtiments). Ce qui reste inchangé, c’est que ces travailleurs et paysans restent toujours la propriété d’un maître. La nouveauté de ce système c’est qu’il permet l’accession au propre moyen de production. Au fils du temps, leur situation va s’ameliorer, les paysans/nes réclamant de plus en plus de temps à accorder pour leur récolte personnelle, vont aussi négocier leurs conditions de travail. Ils/elles auront accès aux prairies, forêts, pâturages, lacs, forêts pour s’approvisionner en bois, poissons, mener en pâtures leurs bêtes… Ceci va favoriser la vie communautaire et l’union des forces lorsque ce sera necessaire.

La fin du 14ès, verra naître des révoltes éndémiques, massives et armées contre les propriétaires fonciers. Ce qui mettra souvent le feu aux poudres, c’est la création et la hausse arbitraire d’une multitude de taxes (allant de la non-déclaration de sa servitude, jusqu’aux taxes versées au seigneur pour avoir accès au moulin, au four… en passant par la dîme). Après la peste noire qui tua près d’un tiers de la population en Europe, la situation s’améliore pour l’ensemble du peuple qui exige des salaires plus élevés et l’amélioration des conditions de travail. La main d’oeuvre s’amenuise et les seigneurs doivent céder, les paysans doublent leur salaires et leurs tâches s’adoucissent. Grâce à ces innombrables révoltes et après les ravages de la peste noire, le servage a pratiquement disparu.

Cependant un autre fossé se creuse entre les paysans plus pauvres et les plus chanceux qui ont vu leur conditions de vie s’améliorer. Les divisions sociales se créent et se creusent entre les «sans-terres» ou les «gueux» et les paysans disposant d’un lopin de terre. Ces derniers vont accuser les plus pauvres de leur voler leur travail et de le dévaluer car ces «sans-terres» qui ont besoin de louer leur corps comme force de travail sont plus enclin à proposer des prix trop bas et désavantageux pour les paysans.

A la même époque on voit s’institutionnaliser le viol. Le viol pratiqué en bande n’est pas puni et est même permis par les plus aisés des classes pauvres. Une femme violée, est une femme coupable et diabolisée dans la société de l’époque, il ne lui reste que 2 choix : soit quitter son village/ville/bourg, soit se prostituer. C’est ainsi que l’on voit se multiplier les bordels. L’apparition de ces lieux permet l’application d’une politique de la sexualité : on pense notamment que les bordels sont des exutoires pour les hommes favorisant la modération de leurs contestations en tant que travailleurs. De plus, dit-on, que les bordels seraient un efficace remède contre l’homosexualité !

Les femmes travaillent autant sinon plus que les hommes, à tâche égale, elles touchent un salaire 2 fois plus bas (au XVIè, elle ne toucheront plus qu’1/3 du salaire d’un homme). Elles vivent donc toutes dans une immense précarité, et certaines s’orientent vers la prostitution pour survivre.

De son côté, le clergé redouble d’effort pour soumettre le peuple. Epaulée par l’Etat, l’Eglise est en pleine croisade contre toute résistance à son institution… Tout ce qui n’est pas catholique est hérétique : cathares, vaudois et bogomiles vont être exterminés. Cette méthode génocidaire va être exportée vers les Amériques dès l’arrivée des colons, dans une dimension sans précédent, appuyée par des prétextes d’évangélisation.

L’Etat prend une série de mesures qui vont empirer les conditions des plus démunis. En Angleterre on promulgue la première loi contre le vagabondage, la sanction en cas de récidive est la mise en esclavage. Les rassemblements entre personnes sont interdits ainsi que les pratiques du sport, de la danse, des jeux, les fêtes populaires et festivals sont prohibés. Tout cela est mis en oeuvre afin de détruire les liens sociaux et effacer la culture populaire.

Côté denier, les riches apprennent à réduire le coût du travail pour grossir leurs bénéfices. Les marchands accumulent des biens et les vendent à prix élevés. Les pauvres, eux, doivent acheter la nourriture qu’ils produisent.
En 1565, à Anvers, alors que les pauvres mourraient de faim dans les rues, un entrepôt s’effondra sous le poids du blé stocké !
La stratégie est de priver le peuple de ses moyens de production pour que les déteneurs du capital imposent leur domination.

En Europe, la peste et les conditions de vies inhumaines provoquent un important déclin démographique. Les plus pauvres s’en trouvent les premiers accusés… ils ne procréent pas. ! Il n’y a pas assez de bras pour travailler et alimenter la machine de production étatique qui engraisse les élites et écrase ceux qui n’ont rien.
S’en suivent des mesures terribles afin de forcer les mariages avec une obligation de procréation… et c’est ainsi que commença la chasse aux sorcières.
A partir de cet instant l’Eglise et le Clergé, ne cesseront de se préocupper de la croissance de la population :
en primant le mariage et pénalisant le célibat (comme dans l’empire romain), en surveillant les femmes par un système de contrôle/delation, sur leur état (grossesse ou non ou possiblité d’interruption de grossesse). Les femmes célibataires et enceintes ou ayant un/des enfant/s étaient privées de tout et ceux qui les aidaient étaient exposés à la vindicte publique. Les sages-femmes (à l’époque seules les femmes s’occupaient de l’accouchement /environ XVè) étaient constamment exposées aux accusations d’infanticide et c’est ainsi qu’elles perdirent peu à peu le contrôle de leur savoir-faire. Les docteurs hommes s’imposèrent pour diriger l’accouchement et devinrent les «donneurs de vie» contrairement aux femmes qui accouchent et auraient, semble-il,un rôle passif ! La femme est donc un ventre, une machine à produire des individus.  Biensur la vie du foetus passe avant la vie de la mère. Les femmes qui assitaient traditionnelement à l’accouchement (notamment pour la transmission du savoir et pour l’entraide ) furent toutes congédiées. Les sages-femmes furent mises sous tutelle des docteurs. Une sage- femme faisait très facilement l’objet d’accusation d’infanticide. En Allemagne, les femmes qui ne «produisaient pas assez d’efforts» durant l’accouchement  ou qui ne montraient pas assez d’enthousiasme envers leur progéniture, étaient châtiées. Les femmes sont donc obligées de procréer contre leur gré et avec le sourire.

La production d’individus est la principale préocupation de l’Etat et de l’Eglise, le corps féminin est transformé en instrument pour la reproduction du travail, en une machine à enfanter sous contrôle des hommes de la classe dominante et du Clergé. L’ère capitaliste a écrasé l’homme en veillant à mettre sous ses pieds la femme, ainsi les dominés sont dominants dans une certaine mesure y trouvant ainsi une façon de décharger leur colère, leur frustration, leur cri de désespoir. D’ailleurs la violence conjuguale ne choque personne à l’époque. Un mari a tous les droits sur sa femme, la battre, l’humilier ou la tuer. Sous prétexte de vouloir se marier avec une autre femme, un homme pouvait en tout impunité tuer son épouse.

Les femmes depuis le début du moyen-âge employaient des moyens de contraception par l’utilisation des plantes, elles pouvaient aussi provoquer un avortement ou même la stérilité. La criminalisation de la contraception a dépossédé les femmes de leur corps mais aussi de leur savoir dans ce domaine et dans celui de la médecine en général. Une fois que l’Etat a remis le contrôle des naissances à l’ordre du jour, ces méthodes naturelles de contraception avaient toutes disparues au profit biensur des déteneurs du capital qui ont règlementé la médecine. Aujourd’hui seuls les industriels pharmaceutiques et les professionnels de la médecine sous couvert de l’Etat ont les moyens d’établir ou non un programme de contrôle des naissances.

Dans ce contexte, les hommes décident que le foyer est la place des femmes. Celles qui travaillent (elles travaillent toutes jusqu’au début du XVè) subissent une dévalorisation de leur labeur, elles sont payées environ le tiers du salaire d’un homme à tâche égale.
Peu à peu, elles sont évincées de tous les corps de métier. Les quelques femmes qui ont réussi à résister et qui continuent à travailler, sont payées par le biais de leur mari.

Les accusations de sorcellerie se multiplient pour toutes sortes de raisons : exercice d’un métier non approprié pour une femme, suspicion d’interruption de grossesse, de stérilité, d’adultère, d’entraide entre femmes, de réunions secrètes, d’être trop vieille aussi (les femmes âgées étaient les premières cibles dans les procès pour sorcellerie). La plupart des femmes accusées étaient pauvres, paysannes, fermières ou travailleuses et les accusations étaient toujours portées par des hommes de pouvoir, agent de l’Etat ou de l’Eglise.
Il est totalement inconvenant de voir une femme dans la rue ou une femme en train de parler avec une autre femme… Ce fut un motif pour accuser une femme de «comère» et/ou de sorcière. On invente d’ailleurs un masque à museler les femmes. Ce que l’on attend d’une femme, c’est qu’elle soit docile, passive, obeissante, économe, travailleuse et chaste.
Ceci casse les rapports collectifs et creuse les distances sociales. Les persécutions ont brisé la solidarité des classes et le pouvoir du peuple (et ce pendant 2 siècles /XV -XVIIs).
En persécutant les femmes, les classes dominantes ont réussi à mettre l’ensemble du peuple à genou.
Une fois accusée, une femme n’avait aucune chance de s’en sortir… entre le procès fantoche et l’éxecution publique, il y avait la torture pratiquée sur la place publique ou en comité restreint selon les lieux, les circonstances… Parfois les propres enfants de l’accusée devaient assister à la séance de torture et d’exécution. J’épargnerai ici les détails sur les méthodes de tortures employées.

Je ne peux pas parler des femmes et de ces chasses aux sorcières, sans parler de la colonisation qui intervient à la même époque… à la naissance du capitalisme moderne : l‘exploitation des humains jusqu’à la mort pour enrichir les classes dominantes, le crime et le génocide d’Etat orchestré contre les amérindiens/nes et les africains/nes.

De leur côté, les marchands inventent les maisons de travail, pourchassent les vagabonds, s’occupent du transport de criminels vers les Amériques et commencent la traite négrière. Rappelons que près d’un siècle après l’arrivée des colons en Amérique, la population exterminée a baissée de 95% (notamment au Mexique et au Pérou).
Le système colonial, le labeur forcé, le commerce humain, le commerce triangulaire, la colossale production de travail des hommes, femmes et enfants réduits en esclavage, a permis l’enrichissement des colonies et de leur empire, mais a aussi alimenté la «révolution industrielle». Révolution industrielle qui fut un leurre pour tous les afro-descendants et combattants pour la liberté, dans l’épisode de la Guerre de Sécession.

Le capitalisme a commencé par le pillage des ressources, la spoliation des humains et l’accaparemment de l’Amérique par l’Europe. C’est par l’esclavage, que l’Europe s’est enrichie et est devenue opulente, puissante, appuyant son hégémonie sur la sur-production et la sur-exploitation. L’Europe a construit son empire avec le sang des esclaves, des sorcières, des femmes, des pauvres, des travailleurs/euses et paysans/nes, des orphelins, des enfants mais aussi de l’éventrement de la Terre-Mère.

La base de notre système capitalisme est moribonde et monstrueuse… Il est urgent de changer notre façon de vivre et de penser… il est urgent de construire de nouvelles bases, il est urgent d’évincer nos décideurs et dirgeants et de s’unir… Nous avons les solutions… L’histoire a démontré que partout dans le monde, sur les 5 continents, le peuple, les communautés et individus sont capables d’intelligence, de solidarité et d’auto-gestion.

La chasse aux sorcières a permis de détruire l’humanisme et la solidarité, a séparé les hommes et les femmes, a construit une société basée sur la peur et l’extrême violence, a éradiqué la médecine antique et traditionnelle, a violé et profané le corps des femmes, a permis de maintenir l’homme dans la servilité.

Sorciers, sorcières… reprenons le contrôle de nos vies.

Angela Magnatta

Continuer la lecture →